Peindre
en rythme, c'est comme écrire une partition. Mais au lieu de le faire
d'une façon linéaire en suivant les lignes de portée, ici on peut
inscrire le rythme partout sur la surface de la toile et surtout, on
peut superposer les portées à l'infini. La musique s'inscrit par couches
successives, créant une sorte de transparence temporelle. Bien sûr,
plus l'oeuvre se construit, plus les bases disparaissent. Mais elles ne
disparaissent qu'à l'oeil car en fait elles transparaissent dans la
structure même de l'oeuvre picturale.
Il en est de
même pour la musique car, même si au début, on peut aisément identifier
les coups et les frottements, rapidement ceux-ci sont magnifiés par le
designer sonore, au point où si l'on a pas vu le début de la
construction, il devient difficile de se rendre compte que les sons et
les structures que l'on entend sont directement issus de la toile.
L'image et la musique se construisent donc par couches successives.
Là
où le défi s'exerce pleinement est qu'autant pour le designer sonore
que pour le peintre, il faut essayer de construire quelque chose de
cohérent, en y intégrant une certaine esthétique.
Il
serait facile de prétendre à l'exécution d'une performance sous prétexte
que l'aléatoire et le spontané nous mènent n'importe où. Faire
n'importe quoi, en sorte!
Peut-être que même là,
certains observateurs y verraient une justification et arriveraient a
expliquer l'inexplicable sous le couvert de l'art actuel, par exemple.
Mais pour nous, il s'agit d'obtenir un résultat accessible, autant
visuellement qu'auditivement. C'est pour cette raison que le "groove"
est important. Nous sommes musiciens et voulons avant tout jouer!