vendredi 7 mars 2014

PEA - La "sur-projection"


Dans le milieu de la musique électro, le visuel tient une grande part de la performance en spectacle. La projection d'effets et d'images vidéo, concoctées en direct par un vidéaste est souvent l’additif essentiel à un bon show.

Le Projet Électro-Acrylique se revendique de la mouvance électro et donc veut proposer cet additif visuel.

Le Projet est déjà visuel en lui-même. Mais dans le cas d'une performance, du fait que le peintre est devant la toile, même si celle-ci est très grande, il en cache constamment une partie. Il était donc logique de penser à une façon d'augmenter l'expérience visuelle en retransmettant en direct ce que le spectateur ne voit pas. D'où l'idée d'équiper le peintre d'une mini-caméra, sur lui, filmant ses gestes et la toile en avant de lui..

Les premiers tests ont montré que l'altération de l'image était beaucoup plus intéressante que de montrer exactement ce que fait le peintre. Dans le même ordre d'idée, on a pas vraiment besoin d'écran. Le simple fait que l'image projetée envahisse l'espace environnant apporte une dimension dynamique et graphique stimulante et intéressante. On se sert de cette source visuelle pour habiller l'espace.

À l'instar du concept original, encore une fois, la toile est à la source. Les images issues de cette captation sont traitées, mixées et renvoyées de telle sorte qu'elles peuvent aussi influencer la création picturale. L'effet de "rétroaction" que l'on crée avec la musique est aussi appliqué au visuel.


PEA - Test de sur-projection from alec on Vimeo.

dimanche 2 mars 2014

Retour sur la soirée 15x15 -- MUTEK -- Nuit Blanche

Publié par Alec

photo : Cloé Jourdain
 
Samedi 1er mars, c'était la Nuit Blanche. Le coeur de Montréal se transformait en une expérience culturelle intense et de longue durée. Une nuit blanche de spectacles et de performances en tout genre. Il y avait du monde partout!

Montréal en Lumière, qui organise chaque année la nuit blanche, avait proposé à MUTEK* de faire une soirée spéciale. 
MUTEK en a profité pour fêter ses 15 ans : 15 artistes en 15 heures, le 15x15. On nous a proposé d'en faire partie. Pour un jeune projet comme le nôtre, c'est une très belle invitation. On avait hâte!
 

Arrivés au "Coeur des Sciences", au coeur du campus des sience de l'UQAM, dans la salle de spectacle où se déroulait la soirée, le show n'avait pas commencé que l'ambiance techno était déjà bien installée. Musique, lumières, écran géant...

L'installation de notre matériel est relativement complexe et demande une certaine attention. J'avais peur que, dans cette fébrilité, nous oubliions quelque chose. Et puis ce n'était pas facile de bien voir ce que nous faisions, dans cet éclairage de scène, aux faisceaux violets et bleus, et les test visuels sur écran géant.

Mais non, à part deux câbles qui se sont avérés défectueux et que nous avons immédiatement remplacés, tout semblait prêt pour la performance. Un ami de Fred était venu pour filmer le spectacle. Il a placé quelques mini-caméras à des endroits stratégiques et allait filmer avec une caméra professionnelle à la main.

photo : Fred Laurier
La toile, campée au milieu de la scène, est restée là pour les premiers artistes.

  Deux Dj ont donné leur performance avant nous, s'enchaînant parfaitement bien, d'une façon si fluide qu'il n'y eut aucune interruption. Une designer vidéo projetait sur l'écran géant des animations numériques créatives, ce qui ajoutait à l'expérience sensorielle. Ces projections se faisaient aussi sur notre toile qui, encore blanche, se fondait totalement dans l'image générale. Puis les tables et contrôleurs ont été déplacés sur les côtés. C'était à nous!

photo : MUTEK
Nous n'avions pas eu le temps de faire un test de son avant, dû à un horaire trop serré, ce qui nous rendait nerveux. Sans une ni deux, il a fallu se jeter à l'eau. 

J'ai entamé la toile au fusain. Le son sec de ce dernier s'est fait entendre dans toute la salle. Le silence. Tous les gens écoutaient, surpris par le changement soudain d’ambiance. Fred a alors ajouté un premier effet de réverbération, ce qui a immédiatement donné une dimension spatiale au son et complètement envahi la salle. Puis il a modulé mes frottements jusqu'à les rendre métalliques et harmoniques. Ce faisant, Fred a créé une séquence cyclique des frottements, ce qui a instauré la base du rythme.

photo : Jocelyn Bisson
Alors, j'ai chargé un gros pinceau de noir et, me calant sur le rythme, j'ai asséné, de ma main gauche, un coup sombre, puis un autre. Les capteurs de la toile l'ont transmis en coup de grosse caisse profonde. Ceux-ci, résonnants dans la salle ont déclaré, en quelques sortes, la teneur de ce qui allait suivre. d'un autre pinceau, de l'autre main, j'ai frappé la toile en créant un son de caisse clair. La toile s'est transformée en véritable batterie électro. Durant ce temps Fred découpait et séquençait d'autres morceaux de frottements qu'il venait de capter. Nous avons ainsi construit tout un rythme complexe et riche.

photo : Cloé Jourdain

J'ai alors pris d'autres pinceaux et d'autres couleurs et me suis mis à peindre et à frotter des couleurs et des harmonies variées. Je sentais, derrière moi que les gens embarquaient dans notre univers.

Par signes, par clin d'oeil et par courts échanges verbaux, nous avons, Fred et moi, bâtis notre performance au fur et à mesure de notre inspiration. Fred a fait un travail extraordinaire, de la haute voltige technique pour arriver à tout faire en même temps.

Nous avons ainsi créer une pièce musico-pictural de 45 minutes en crescendo au bout desquelles nous avons laissé retomber le flot de son, se diluant dans les dernières résonances et les derniers échos s'échappant librement dans la salle.


Les applaudissements et les sifflets ont littéralement explosé alors que je me retournais enfin. Et là ce fût une surprise moi qui n'avait vu que ma toile et Fred durant toute la performance. Alors que nous avions démarré cette dernière avec une cinquantaine de personnes dans la salle, il s'en trouvait maintenant près de deux cents. La petite salle du Coeur des Sciences de L'UQAM était à pleine capacité.

photo : Jocelyn Bisson

J'ai fait un bond, surpris par cette abondance. Fred, lui, avait pu observer l'amoncellement progressif.

Bref, ce fut une expérience "Live" excitante et concluante. Notre projet fonctionne. La réception et les commentaires positifs nous montrent que PEA a de l'avenir!

*MUTEK est un organisme sans but lucratif voué à la diffusion et au développement de la créativité numérique sonore, musicale, et l'art audio-visuel.